samedi 25 juillet 2020

Data love


Je jette l’ancre dans le data lake. 0101. Data, données, data bank. 0001. Je t’aime le temps d’une requête. 1100. Envoie-moi ton plug-in, tu me manques. 1001. Données, data, hashtag danger ! 0011. J’ai localisé en open-source, L’adresse IP de ta sensualité. 0110. Data, big data, bitcoin en bourse. 1011. Je te cloud(e), tu me courriel(s) sans cesse. 0011. J’aime tes cookies et ton DNS. 0111. Data, dark data, tout au fond de toi… 0100. J’abaisse mon firewall et tu entres en moi. 0010. Fais-moi l’algorithme de mes envies, En pop-up, en widget, sur Facebook ! 0000. Données, datamining, presque une philosophie ! 1000. Quitter ce serveur, changer de look, Suivre un nouveau navigateur, Lancer des balises inédites sur le web. 1111. Data, données, streaming, Souvenirs de notre QR Code à Thèbes. 0000 0001. Mon cœur, je n’oublierai jamais ton login, Ta peau, ta newsletter, ton odeur. 0000 1001. Données, data center, sang, artifice. 0000 0010. Modifier son header en back-office. 0000 0111. Quand le langage HTML de nos HLM se meurt. 0000 0100. Me perdre sur les réseaux sociaux, j’ai peur. 0000 0110. Ne t’en vas pas trop vite, mon OS ! Mon chéri, je te tweet(s) un dernier SOS. 0000 0101. Data, données, FAQ fanée… 0000 1111. Las ! Tu n’habites plus à l’URL indiquée !

V. Gabralga




Credit photo : https://urlz.fr/dwS0
Voir aussi : https://cuppetellimendoza.com/#Work

Ce qui ne pèse rien


Lire ce qui ne pèse rien
Un petit tas de mots au fond du jardin
Ces trois phrases plantées à l’automne
Et qui germeront au printemps

Écrire sans chercher de lien
Entre ce qui fut et ce qui viendra demain
Ces refrains semés à tout vent
Pour que l’amour fleurisse et s’étonne

Dire ce qui nous retient
Quelques souvenirs auprès des siens
Le son fané du gramophone
Abandonné au paravent

V. Gabralga

Crédit photo : https://urlz.fr/dvex

Humanicide


Économie humanicide
Des milliers sans emploi
Éjectés de leur bureau, de leur usine,
Pour engraisser toujours plus
Des actionnaires assassins. 


Des milliers abandonnés
D’un revers de la main
Pour améliorer la notoriété
Boursière de l’entreprise.

Des milliers qu’on sacrifie
Sur l’hôtel de l’économie
Pour enrichir quelques-uns
Au mépris de la fraternité.

Des milliers sans visage
Fusillés par l’avidité
Pécuniaire de millionnaires
Et leurs armées de DRH

DRH
Décimeurs de Ressources Humaines

Des milliers qui vont pleurer,
Qui va payer leur maison ?
Des milliers qui vont déprimer,
Qui se sont sentis trahis,
Qui n’ont plus confiance en eux,
Qui auront honte devant leurs enfants,
Qui vont ruiner leur mariage,
Qui n’auront plus de voiture,
Ni de santé.
Ils seront peu à se relever.
Des milliers qui n’auront plus de toit,
Parfois même finiront à la rue,
Certains ne seront plus…
Des milliers qui n’auront plus aucune chance
De retrouver un métier,
Surtout s’ils ont plus d’un certain âge,
Ne pourront plus qu’attendre la retraite
Avec un revenu de misère,
Recroquevillés,
Pauvreté d’amitié,
Pauvreté de cœur,
Pauvreté de vie.
Des milliers qui garderont
Le souvenir amer
De leur dernier entretien professionnel,
Un entretien de licenciement,
D’achèvement programmé.

Aujourd’hui,
L’économie tue chaque jour,
L’enfant, la femme, l’homme,
Sans ménagement,
L’économie tue la femme,
L’enfant,
En toute légalité,
L’économie tue l’homme
Sans être jugée.
Arrêtons les dictateurs
De la mauvaise économie,
Anonyme, spéculatrice,
Et humanicide.

V. Gabralga



Crédit photo : https://urlz.fr/duGy
Voir aussi : https://urlz.fr/duGz

Non ! Ne t’en vas pas !


Non ! Ne t’en vas pas !
Ou alors pas plus loin
Que la lisière de nos bras,
Jusqu’à l’orée de l’aube
Au refrain de la mer.

Non, ne t’en vas pas !
Sans prendre grand soin
De replier nos draps,
Et nos cœurs en maraude
Jusqu’au matin de terre.

Non ! Ne nous laisse pas
Les sens en contrepoint,
L’émotion dans l’embarras…

Non ! Reviens ! Déjà,
Nos oreillers en fraude
Retiennent nos nuits lunaires.

Correspondance XI - V. Gabralga

Texte en correspondance avec un poème de Corinne Le Lepvrier paru dans son recueil « la femme elles je » Éd. « Rafaël de Surtis » Coll. Pour une terre interdite -2012. p. 44 (extrait)
http://rafaeldesurtis.fr/

elle s’habillerait de nuit
elle déshabillerait les apparences du monde

elle fumerait tes lèvres
elle baisserait ton timbre de voix

elle glisserait ses cils en tes rêves urgents
elle frôlerait tes seuils et tes pierres

elle mordillerait tes extrêmes
elle caresserait tes reins d’errant
elle se frotterait à tes appuis…

C. Le Lepvrier




Crédit image : https://urlz.fr/cRPn
d'après une aquarelle d'Eugène Delacroix

Et les


Et les ...

Et les ...
Et les visages du temps
Reviennent à chaque saison.
Et je voudrais pourtant
Arrêter la chanson.

Et les ...
Et les moments,
Et les instants d’hier
Qui sont là au bout du songe
Où la mélancolie me plonge,

Me plonge,
Me ronge,
Me gagne l’âme comme un fleuve,
Comme une sève éternellement
Renouvelée,

Réécrite
Encore
Et encore,
Combien de fois
Pour moi,
Pour toi,
Pour qui ?

Pour ce monde
Et les hommes
Qui ne changent pas
Malgré mille visages,
Mille langages
Et violences,

Et amour,
Et amour surtout,
Amour toujours,
Errance...

Et les visages du temps
À chaque génération,
Et je voudrais pourtant
Arrêter la chanson.

V. Gabralga





Crédit image : https://pixabay.com/…/de-l-homme-observateur-exposition-29…/

jeudi 18 juin 2020

Des mots pliés



Des mots pliés sur le papier jeté,
Et c'est partir en mer, un peu de jazz à l'encre,
Quelques lettres embarquées un dimanche,
Depuis le bout de la jetée, dans le sillage de la page blanche.
Écrire, pâlir, désir, conter, sensibles lignes où l'on viendrait
Se noyer pour mieux voyager.


Des mots jetés sur le papier fané,
Et c'est partir en terre, si peu de temps à l'ancre,
Quelques paroles cachées dans la Manche,
Depuis ce quai abandonné, ces émotions en avalanche,
Lire, sourire, partir, aimer, fragiles notes que l'on voudrait
Jouer pour mieux embrasser.

Correspondance XI.- V. Gabralga

Texte en correspondance avec celui de Françoise Allard paru dans son journal "Les billes de mer" Éd. "pré # carré éditeur".- 2011. p. 71 http://precarrediteur.fr/

Bientôt
J'ai peur d'oublier. Pourtant j'ai promis de remonter à la surface. Une fois que j'aurai fini de t'écrire. Une fois que je me serai souvenue de tout.

F. Allard

 

Credit photo : P Raimbault

samedi 6 juin 2020

L'enfant fait le mur




Face contre mur l'enfant se tourne,
Retient les soleils disparus dans la nuit.
Au pied du mur l'enfant s'allonge,
Observe les oiseaux, perdu dans les nuages.
Sur le mur l'enfant s'exprime,
Dessine une porte et des couleurs aussi…
Le dos au mur l'enfant séjourne,
Le vent l'emporte loin dans ses rêves.
Droit dans le mur le regard de l’enfant
Compte heure après heure les éclats d'obus.
Dans un murmure l'enfant chante,
Confie aux étoiles tous ces gens disparus.
Sur un arc-en-ciel l'enfant fait le mur,
Ouvre la porte aux matins attendus.

Correspondances X - V. Gabralga

Texte en correspondance avec celui de Jacques-Olivier Ensfelder paru dans son recueil de poèmes « Brandons & Lucarnes » Éd. « Librairie Galerie Racine » Coll. Saint-Germain-des-Prés - 1998. p. 27 (extrait)
https://editions-lgr.fr/

Sur un mur
Un enfant repeint
La face de l’invisible

J.O. Ensfelder



Crédit image : https://urlz.fr/cRPn
Banksy, as a example of both a contemporary artist and a street artists, makes one wonder about how art can influence society.