vendredi 29 mai 2020

Tourner les pages du silence



Tourner les pages du silence
Dans un vieux livre d’existence,
Écrire en noir et blanc les mots absents,
Les non-dits, les regards fuyants…

Libérer la voix de la lumière
Sur un noir moulin à correspondances,
Deviner en chaud et froid les transparences,
Les vérités, les heures de pierre…

Changer les couleurs du vent,
Avec une tendre boîte à musique,
Souffler jour et nuit aux oreilles du temps
Des rêves, des montagnes magiques…

V. Gabralga

Correspondances VIII - V. Gabralga

Texte en correspondance avec celui de Cathy Rapin, paru dans son recueil de poèmes « L’ombre du papier » Éd. « Le méridien éditeur » – décembre 1989 p. 8 (extrait de « Autre langage »)
http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Cathy_RAPIN-405-1-1-0-1.html

Je t’écoute de tout mon corps
et les mots d’un ailleurs sans doute

les gens qui parlent fort
une étrange lumière

c’est trop de découverte
et peu de vivre encore

C. Rapin


Crédit image : http://annademarzo.blogspot.com/2012/10/daniel-buren.html
Installation de Daniel Buren

mercredi 27 mai 2020

Le paravent




Derrière le…, elle est en nu,
Gestes du corps à air.
Derrière le…, elle est revenue
De son imaginaire.
Nulle part avant,
Elle ne pouvait s’exposer
Au regard du temps ;
Sexe posé
Sur l’attente.
Au paravent,
Se cachait-elle vraiment ?
Retardant le dévoilé
De l’émotion présente,
Son je déshabillé.

Correspondances VII - V. Gabralga

Texte en correspondance avec celui de mon ami, poète et chanteur immense, Jean-Louis Bergère, paru dans son recueil de poèmes « masque et figure » Éd. « Potentille » – mars 2015 p. 9 (extrait)
https://potentille.jimdofree.com/
Article Télérama de février dernier sur JL Bergère : https://urlz.fr/cNie

Pour ne rien dévoiler plus
facile derrière le paravent
d’enfiler le je d’un autre

JL Bergère


Crédit image : https://urlz.fr/cNij
Peinture d’Auguste Toulmouche (1829-1890): élève de Charles Gleyre, Auguste Toulmouche fut l’un des peintres les plus célèbres du Second Empire.

dimanche 24 mai 2020

Au pied de l’arbre



Au pied de l’arbre, suivre
Les chemins de ses branches
Et s’emmener au ciel

Embrasser son grand corps
Ligneux
L’oreille en écorce
Et devenir silence

Peindre en voyage
Intérieur
Le vent dans son feuillage
Jusqu’aux vertiges d’oiseaux

Prendre racine
Se coucher dans son lit
Aux draps de l’automne
Apprivoiser la nuit

Écouter ses parfums
De vert, de sève,
Et boire jusqu’à la lie

Correspondances VI - V. Gabralga

Texte en correspondance avec celui de Christian Laballery paru dans son recueil de poèmes « Sous le miel des lampes » Éd. « Clarisse » – 4e trim. 2009 p. 12 (extrait)
http://www.editions-clarisse.net/

La joie sourde
des arbres
la nécessité
du bonheur des pelouses
s’établissent lentement
en dehors
des regards.

C. Laballery



Crédit photo : https://urlz.fr/cLr1

jeudi 21 mai 2020

Dérive




Et les mots pleurent
Dans la nuit
Un parapluie au cœur
Et s’en fuit
Il pleut des souvenirs
À saouler l’insomnie
Sous l’averse des heures
Se noyer dans l’oubli

Le temps s’encombre
Dans le noir
Sa mémoire à l’ombre
Et à boire
Il sombre des navires
À aimer la folie
Sous les pâles décombres
De rêves inassouvis

V. Gabralga

Texte en correspondance avec celui d’Alix de Fontanges paru dans son recueil de poèmes « Masque aux yeux successifs » Éd. « Librairie Galerie Racine » Coll. Saint-Germain-des-Prés – Décembre 1997. p. 30 (extrait)
https://editions-lgr.fr/

Un silence parcourt le silence
Une mer d’ombres
Élève ton étoile
Ensemble nous retrouverons l’aurore
Dans l’opale du soir

A. de Fontanges



Crédit photo : https://urlz.fr/cKCJ
Dessin de Tardi, encre de Chine et crayon gras, pour la couverture de "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline, publié en 1988 aux éditions Futuropolis-Gallimard



mardi 19 mai 2020

Au premier étage



Correspondance IV

Au premier étage
À l’angle de la rue
De ses mots mis à nu
En déshabillé d’impatience

Un premier naufrage
Au coin de l’avenue
Sur son dos dévêtu
Sont tatouées ses errances

Au premier visage
À l’aube de la fenêtre
De ses cernes mis à bleu
Elle s’est décidée à paraître

Au premier orage
Il faut le reconnaître
À la lanterne de ses yeux
Elle a aimé… peut-être

V. Gabralga

Texte en correspondance avec celui de Gérard Bayo « La langue des signes » Éd. « L’herbe qui tremble » – Mars 2013. « Signe des temps » p. 56 (extrait)
https://lherbequitremble.fr/

Ce n’est qu’au premier étage
à l’angle
du canal et dans son erreur qu’il a su
et à présent se tait.


G. Bayo



Crédit photo : https://urlz.fr/cIwV

lundi 18 mai 2020

Dans la ville, le train s’arrête



Correspondances III

Dans la ville, le train s’arrête.
Personne ne sait d’où il vient,
Ni où il va, mais il attend

Que nous montions dedans
Pour aller toujours plus vite ;
Un billet sans destination,
Un voyage classé « sans suite ».

À la gare, le train repart.
Personne ne sait où il va,
Ni d’où il vient, mais les gens

Sont tous montés dedans
Jusqu’à la prochaine station
Pour respecter les rites ;
La course était gratuite.

À la fin, le train est arrivé.
Personne ne sait quand
Ni comment, mais aucun itinérant

N’est descendu à quai ; après
Des années de course-poursuite,
Tous disparus dans l’illusion
Qu’il faut aller toujours plus vite.

V. Gabralga

Texte en correspondance avec celui de Julien Ferdinande
« Des nouvelles du soleil » paru dans la revue « Voix d’encre » n° 26 – Mars 2002 (extrait)
http://www.voix-dencre.net/

Dois-je inventer des noms de ville et prendre les trains qui y mènent ?
J. Ferdinande



Crédit photo : https://urlz.fr/cIwV
Gare « fantôme » de Canfranc en Espagne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gare_internationale_de_Canfranc

dimanche 17 mai 2020

Couper les bandes d’oiseaux



Correspondances II

Couper les bandes d’oiseaux
Aux ciseaux des promenades
Nuages ébouriffés de mouettes
En bavardages grimaçants

J’aime suivre en rase-plage
Leurs escadrilles en gants blancs
Ces fleurs à géométrie dansante
Sur la marée basse
Du couchant

Boussoles à vent
Essaims légers
Et puis ce fut
Le regard
De la nuit

V. Gabralga


Texte en correspondance avec celui de Werner Lambersy
 « In angulo cum libro » Éd. Al Manar 2015 – p.20 (extrait)

dont les mouettes
blanches
dès qu’on approche
s’envolent
comme d’un cahier

W. Lambersy


 


Crédit photo : P Raimbault

vendredi 15 mai 2020

Parler à ses chagrins



Correspondances I


Parler à ses chagrins
Trouver les mots
Se câliner à soi
Et laisser sourdre

Mélancolie chemin
Se penser à peau
Les larmes au carquois
Tirer du bien à moudre

V. Gabralga


Texte écrit en correspondance avec celui d’Isabelle Damotte.
« Le livre de Timothé » Éd. Potentille 2015 – p.12 (Extrait)


Elle dit
il ne faut pas perdre ses chagrins
il faut leur parler
les aimer bien

I. Damotte


Crédit photo : https://urlz.fr/cH3P