mardi 21 avril 2015

Sur un vieux rafiot


Indignation 4


Bastingage à terre - Colombes 2015 - © V. Gabralga 



















Sur un vieux rafiot, ils ont entassé
Des hommes noirs, des femmes et des enfants ; 
Vendu des promesses contre beaucoup d’argent.
Comme des grands vautours, ils ont encaissé
Les derniers dollars de leurs frères de sang,
Avant d’les laisser partir, impuissants,
Sur un vieux cargo juste bon à rouiller…

Un nouveau marché, business délétère,
Gagner des millions sur la grande misère,
Offrir des allers sans jamais d’retour,
Faut croire que l’urgence en valait le détour.

Sur des vieux rafiots, ils sont expulsés
Volontaires pour fuir le trop grand enfer
Du continent africain, de leurs terres.
Sur un vieux cargo, ils ont avorté 
De leurs ancêtres, leurs dieux… leur culture.

Vous, je n’sais pas, mais, pour moi c’est un signe
Quand on déracine autant d’innocents, 
Qu’on laisse couler des milliers d’émigrés ;
C’est le feu du tocsin sur toute la ligne.

La mer n’est plus une naturelle armure
Contre les vagues incessantes d’immigrants.
Vous, je sais pas, pour moi, c’est un appel
Au secours ! Tangage d’un monde poignardé.

Et si, sur les vieux rafiots, nous laissons
Embarquer des peuples à la dérive,
Et si, avec les vieux cargos, nous laissons
Sombrer tous les ponts entre deux rives,

Alors, je crois que nous avons vraiment perdu 
Le cap fragile du mot fraternité.
Alors, je crois que nous ne sommes plus
Dans le droit sillage de l’humanité.

Sur un vieux rafiot, ils ont entassé
Des blancs, des jaunes, des succédanés…
Viendra un jour où faudra nous méfier
D’être à notre tour invités à monter
Sur un vieux cargo, juste bon à rouiller.

Le philographe

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire